Je propose ici une reflexion sur le premier hymne Orphique.
LE PARFUM DE LA DÉESSE QUI VEILLE AUX PORTES.
Le Styrax.
"Écoute mes chants, ô vénérable déesse, toi qui protèges les couches des femmes, toi qui aimes les mystères de la génération ; protectrice du sexe féminin, déesse qui présides aux noces, salut. Tu es douce, tu es bonne, tu es agréable pour tous les hommes. Tu habites les édifices de tous les mortels et tu fréquentes leurs festins. Tu es invisible, mais tu veilles toujours à tous les enfantements. Tu prends pitié de ceux qui sont difficiles et tu te réjouis de ceux qui se multiplient. C'est toi qu'invoquent les femmes enceintes, toi qui peux apporter un allégement à leurs souffrances, car c'est toi qui toujours veilles sur la partie de la femme où cesse le sein. O Artémis bienveillante, de qui dépendent les heureuses délivrances, accorde-moi une agréable progéniture, préside aux douleurs des femmes qui accouchent, et conserve-les comme les conserve Héra l'excellente protectrice."
L'hymne commence par la demande du poète d'etre écouté, sans quoi toute prière est inutile. L'orant justifie ensuite sa prière par les bienfaits prodigués aux hommes par la déesse. Artémis est traditionnellement une déesse des accouchements, en faire une divinité qui "aime les mystères de la génération" et "préside aux noces" est plus surprenant, puisque son image habituelle est celle d'une déesse vierge qui refuse le mariage. Alors qu'en général, la déesse se contente d'aider à délivrer les femmes enceintes, son role est étendu largement, au noces, c'est à dire au mariage tout entier, et à son aboutissement dans l'esprit antique, la génération. Comme le poète le rappelle à la fin de l'hymne, elle aide donc Héra, déesse traditionelle du mariage.
Plus largement encore, elle est dite protectrice des femmes et agréable à tous les hommes. On la prie dans un but bien spécifique, mais l'orant, louange gratuite, peur de se montrer réducteur, ou pour une autre raison, précise l'ampleur de la bontéde la déesse, dont les bienfaits ne se limitent pas au moment de l'accouchement.
"Tu habites les édifices de tous les mortels et tu fréquentes leurs festins." est une phrase qui n'a apparemment rien à voir avec l'objet de la prière. C'est une affirmation du caractère encosmique de la déesse, qui est bel et bien dans le monde, et non détachée de celui-ci.
"Tu es invisible": nouvel apparté théologique qui parle de lui-même
Orphée dit ensuite qu'Artémis prend pitié des accouchements difficiles. Elle compatit aux malheurs humains, et se réjouit, en revanche de leur bonheur. C'est donc une déesse bienveillante, compatissante, plein de bonté que loue et invoque le poète, avec des mots pleins de confiance.