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Entre politique et fête païenne...
ou comment une antique fête persane perturbe l'ordre islamique...
L’Iran frémit à la veille de la fête du feuIran Manif - La « Fête du feu », le 16 mars prochain, sera l'occasion d'une nouvelle épreuve de force entre la population et le pouvoir. Le régime qui s'oppose à cette fête « païenne », a toujours essayé d'empêcher sa célébration qui donne habituellement lieu à des protestations. Cette année les autorités craignent des manifestations d'une envergure sans précédent.
Qu'est-ce que la fête du feu ?
Les Iraniens célèbrent cette fête ancestrale la veille du dernier mercredi de l'année, sautant par dessus des feux de joie avec force pétards et feux d’artifice. Lorsqu'on saute par dessus le feu, on fait symboliquement le vœu de laisser ses mauvaises pensés au « jaune » de la flamme pour tirer vigueur et pureté au côté « rouge ». C’est ainsi qu’on accueille avec joie le printemps qui s’annonce et l’espérance de jours nouveaux, « norouz ».
Cette année, cette célébration sera prétexte au ralliement de la population pour exprimer son opposition au régime, participation qui s’annonce plus massive que jamais. Sur la toile et dans les réseaux sociaux comme facebook, tweeter et Youtube … les Iraniens se donnent rendez-vous pour le fête du feu, s’encourageant à la célébrer avec le plus d’ampleur possible malgré les menaces des autorités.
Craignant les rassemblements autour des feux de joie, le régime se prépare énergiquement à contrer un nouvel embrasement populaire. Ces derniers mois, la population a manifesté à diverses reprises en détournant les célébrations officielles. Cependant la « fête du feu » ne ressemblera nullement aux manifestations précédentes, ayant ses propres formes d’expression et modes d’opération.
LES MESURES DU REGIME
1 - Les menacesLe régime a d'abord tenté de dissuader la population en donnant conseils et recommandations, mais aussi en incitant à la délation. Puis, les menaces d'arrestation et d’intimidations ont abondé. En voici des exemples :
19 février : Le commandant adjoint des Forces de sécurité de l'Etat (police), Ahmad-Reza Radan a annoncé que les personnes interpellées et les voitures confisquées durant la « fête du feu » ne seront pas libérées avant la fin des congés du Nouvel An.
28 février : Le procureur général de Téhéran, Abbas Jafari Dolatabadi, a déclaré, « nous ne laisserons pas les gens se rassembler dans la rue sans autorisation ». Pas de manifestations de rue, a-t-il martelé.
28 février : L'agence Iran Khabar a rapporté que les collégiens et lycéens sont fouillés à l'entrée des établissements pour empêcher les échanges de pétards. De lourdes sanctions sont prévues pour les distributeurs de feu d'artifice.
2 mars : L’agence de presse Fars : Le chef de la section de lutte contre la contrebande a déclaré que le plan de prévention contre la Fête du feu mené sur 11 mois, a permis la confiscation de 41 millions de pièces de feu d’artifice à travers le pays.
2 - Interpellations ciblées massivesUne campagne massive a été lancée pour étouffer l'opposition dans l’œuf. Le 2 mars dernier une rafle massive a été menée contre les activistes et militants des droits de l'homme à travers le pays. Les arrestations s’intensifient à l'approche du 16 mars.
3 - Climat de terreur et intimidation des commerçantsSelon des informations parvenues au département social des Moudjahidine du peuple à l'intérieur du pays, le ministère du renseignement est intervenu auprès des commerçants de feux d'artifice pour leur proposer une somme équivalente à leur chiffre d’affaire durant les fêtes, en échange d'une suspension de vente. Par ailleurs, les employés des établissements publics et bancaires ont été convoqués et menacés de licenciement en cas de participation à la Fête du feu ; on a exigé d’eux des engagements écrits.
4 - Déclarations des autorités religieuses
Les dirigeants du régime et les autorités religieuses sermonnent la population depuis un certain temps contre les aspects négatifs de cette célébration, l’assimilant à de la superstition et au culte du feu. Ali Khamenei, le guide suprême des mollahs, a notamment expliqué que le la fête du feu Norouz sont « dépourvus de toute rationalité ». Le grand Ayatollah Makarem Chirazi a pour sa part déclaré que le Tchahar-Chambeh-Souri est « une fête superstitieuse, l’héritage de cultes néfastes des ancêtres, qui n'a de place dans la culture islamique. »
5 - Opérations de manipulation du ministère du renseignementLes agents du Vevak se font passer sur le net pour des sites Vert et tentent d’inciter la population à la passivité. Des sites, en apparence dans l'opposition et avec des appellations « verts », mettent en œuvre les plans du régime. Par exemple, au lieu d'inciter à célébrer la Fête du feu, ils invitent les gens à planter des arbustes ! Ce qui n'a rien à voir.
INITIATIVES DE LA POPULATIONEn dépit des mesures de régime, les indices montrent que la population participera massivement aux manifestations. L’ampleur de la célébration de fin d'année sera très importante ; certain ont d’ailleurs commencé à l’avance avec des pétards et des feu d'artifice dans les quartiers. Selon les informations parvenues de plusieurs villes de province et plusieurs quartiers de Téhéran, les détonations retentissent dans les quartiers à la nuit tombée. (Un fait intéressant : en dépit des mesures préventives des autorités, certaines sociétés de production de matériel de feux d'artifice ont transféré ces derniers mois leur matériel à l'extérieur des usines et les mettent à présent à la disposition de la population.)
Téhéran :- Dans le district de Sattar-Khan, les jeunes jettent des flopées de pétards dans les rues, provoquant un grand vacarme pour déstabiliser les patrouilles de la police.
- Dans le district de Guicha, les explosions de pétards remplissent depuis une semaine l’atmosphère du quartier à la tombée de la nuit.
- Dans les districts de Javadieh, Rah-ahan, Ghaleh-Morghi, Farahzad, Aria-Chahr, dans le quartier du boulevard Ferdows, la cité Ekbatan, la population défient chaque nuit le régime, les grenades sonores artisanales font trembler les vitres.
- A Echrat-Abad, la présence des jeunes après la tombée de la nuit est importante, les détonations de pétard sont si fortes que la police a commencé à fouiller les jeunes. Notamment sur le boulevard Amol et Hoghoughi, les miliciens s'emploient à contrôler les voitures conduites par des jeunes.
En provinceLes informations venant de province font également état de l’inefficacité des opérations d’intimidation. La population a entamé les préparatifs de la fête du feu en faisant sauter des pétards.
Ispahan : Le bruit des détonations retentit les après-midi sur les avenues Ahmadabad, Mir, Zeinabieh, Tchaharah-Vafaï, Tchaharah-Khajou, Manoutchehri. Les autorités ont d'ores et déjà basé une unité des forces de sécurité sur la place de la révolution, un endroit phare de la cité où la population célèbre avec faste la fête du feu.
Machad : Des feux d'artifice éclairent le boulevard de l'université de Machad, où les jeunes ont brûlé des photos de Khamenei et d’Ahmadinejad.
Sari : les rues sont pleines de graffiti hostiles au régime et les gens disent attendre avec enthousiasme la Fête du feu.
Ahwaz : En dépit des mesures de prévention et la mobilisation du Bassidj qui patrouille les quartiers à moto, les jeunes, filles et garçons, font sauter des feux d'artifice et des pétards sur les boulevards Imam er Taleghani, ainsi que dans le centre notamment sur les boulevards Zeitouneh Karmandi, Zeitouneh Kargari, Kouroch, Kian-Pars et Soltan-Manech.
SUR LA TOILE
1- Le régime :Le pouvoir cherche à tout prix à empêcher que la fête du feu vise le guide suprême. Par une opération de manipulation sur le net, les agents s'efforcent de tromper la population en leur faisant croire que l'opposition ne souhaite pas de rassemblements autour des feux de joie. Par exemple, des messages invitent les gens à se contenter de planter des arbustes et apporter des œufs décorés…
2- Les opposants :Ils diffusent des clips vidéo montrant des photos de Khamenei et d’Ahmadinejad alimentant les feux de joie. Ils disent que jusqu'au 16 mars il faut déchirer et brûler tous les affiches et les enseignes du pouvoir.
Sur Twitter on peut notamment lire : « à la Fête du feu, il faudra brûler le fondement de la tyrannie ! » « Afin de libérer les prisonniers politiques avant la Fête du feu, rassemblez-vous devant la prison d’Evine ! » « Pour la Fête du feu nous n'avons besoin de l'autorisation de personne ! »
LES RESEAUX LIES A LA RESISTANCE 1- Brûler les portraits de Khamenei, de Khomeiny et des pasdaran, qui constituent le principal organe répressif du pouvoir.
2- Résister à toute répression de la part des forces répressives
3- Insister sur le slogan « à bas le principe de guide suprême ! »
4- Détruire tous les pancartes et affiches du régime
CONCLUSIONIl faut s'attendre à une mobilisation massive et l’efficacité d'action des manifestants au cours des célébrations du 16 mars.
La particularité de ces manifestations réside dans le fait qu’elles sont dispersées et étendues à tous les quartiers, places et rues. Cette particularité contribuera à la fois à réduire la capacité de contrôle et de répression, et à augmenter le niveau de mobilité et de défense des manifestants.
Par ailleurs, du fait du caractère traditionnel et national de cette fête ancestrale, et de son symbolisme marqué d'hostilité au pouvoir en place, la participation va englober toutes les couches de la population. Aussi, les célébrations vont-elles s’étendre dans tout le pays, par conséquent le régime ne pourra pas dépêcher ses forces des provinces vers Téhéran, à l'instar de ce qu'il a fait le 11 février dernier pour l'anniversaire de la révolution.