Progressime et paganisme: compatibles ?

Pensez-vous que le progressisme (au sens large du terme, c'est à dire une vision du monde postulant que nous sommes en perpétuel progrès) soit compatible avec le paganisme ?

Il l'était déjà antiquement.
Dès l'époque, les théories scientifiques pour expliquer le fonctionnement du monde se succédaient et s'amélioraient.

J'y pense...
A moins que tu parle d'un point de vue normes sociales plutôt que scientifique...

Pourrais tu préciser la question, s'il te plait, voire donner un exemple.

Progressisme au sens "philosophique" du terme: penser que la civilisation en général progresse de plus en plus avec le temps. Comme dans la pensée de Comte, Marx ou Hegel par exemple.

Moi je pense que le progrès n'est pas incompatible avec le paganisme, car contrairement à d'autres religions, le paganisme n'a jamais considéré la science et l'éducation comme un problème.

Et puis au contraire, quand on peut voir ce que le progrès athée donne (ce que j'appelle le progrès régressif), je pense que si on redonnait un peu de spiritualité aux hommes ils seraient peut-être capables de conjuguer progrès et respect de la nature.

Vanarel a écrit:

si on redonnait un peu de spiritualité aux hommes ils seraient peut-être capable de conjuguer progrès et respect de la nature.

ça, c'est bien vrai.

Merci helléniste.

En partant de ce principe, je ne suis pas sûre qu'on puisse relier ce "progressisme" à un modèle comprenant la religion.
Les facteurs humains sont nombreux même par rapport justement à la religion pour laquelle, il faut considérer les clergés qui ne sont que des hommes.
Une civilisation peut s'effondrer à cause d'invasions, de maladie, de guerres, d'une prise de pouvoir, etc....
La disparition de nombreuses civilisations en est l'exemple.
Je dirais même que notre civilisation est fragile, il n'y a qu'à voir comme des pays qui en leur temps étaient modernes et qui on régressé dans un cruel obscurantisme. D'autres civilisations périclitent par perte de vigilance.
Je dirais qu'actuellement, en France même, la menace de régression est forte sur de nombreux domaines concernant jusqu'à nos libertés.
Même à l'échelle de la planète, tout peut rapidement basculer et l'Humanité faire un bond en arrière de plusieurs siècles d'évolutions en très peu de temps.

C'est bien la raison pour laquelle le progressisme philosophique me parait être une aberration, issue d'une vision outrancièrement linéaire de l'histoire. Il est impossible que dans tous les domaines, ou même globalement, le monde soit perpétuellement en amélioration. Il suffit de voir à quel point l'horizon intellectuel de certaines civilisations s'est soudain dramatiquement rétréci (Grèce post mycénienne, Gaulle post-romaine). Alors même que dans d'autres parties du monde, c'était un age d'or (la Chine des Tang, florissante alors que l'occident au même moment...)

Bref, c'est faux, et c'est aussi peu compatible à mon avis avec la vision païenne du monde, qui est essentiellement cyclique (surtout la grecque d'ailleurs). Le progressisme induit également une vision plutot négative du passé (puisque maintenant c'est beaucoup beacoup mieux) qui la fout un peu mal pour des néo-païens, et n'est d'ailleurs pas dans la tradition des anciens païens, qui se distinguaient au contraire par un certain respect du passé.

Qu'en pensez-vous ?

Monde "cyclique" ou "linéaire" ? Vision grecque contre vision judéo-chrétienne.

Je dirais que le paganisme pourrait permettre une certaine forme de progressisme, càd une tolérance à la coexistence de visions multiples avec par exemple une grande liberté dans le domaine de la science sans perdre de vue les questions éthiques (à ne pas confondre avec la morale).

Progressisme évidemment n'est pas ici à réduire à une fuite en avant linéaire vers un age d'or matérialiste (on vaincra toutes las maladies, on aura tous le même confort, le marché économique profitera à tous,...), progressisme est à prendre comme "cadre mental" de civilisation : un age possible de liberté de pensée loin des platitudes du monde post-moderne.

Salutations,
Bacchant

Citation :

Je dirais que le paganisme pourrait permettre une certaine forme de progressisme, càd une tolérance à la coexistence de visions multiples avec par exemple une grande liberté dans le domaine de la science sans perdre de vue les questions éthiques

Je parlerais dans ce cas plutot d'une forme de "progrès", ou plutot, puisqu'il s'agirait d'un retour au sources, d'un renouveau.

A mon avis non c'est antinomique, le progressisme étant une hérésie chrétienne.
Le christianisme pense au salut là Haut, le progressisme ici bas.
Pus le XXème siècle, fut un siècle de progrès et de barbarie.

Je ne pense pas qu'il faille envisager les choses sous cet angle chrétien, même s'il reste un fond culturel, il est dépassé depuis longtemps d'un point de vue des valeurs dans la plupart des sociétés dites occidentales. Même parmi les conservateurs, la référence se perd doucement.

Sur le progrès? Même au PS ils ne croient plus.

Je ne parlais pas en terme de partis politique.
Ma remarque était sur le fait d’être une valeur chrétienne, c'est pour ça que la référence est plus logique aux conservateurs.

Je ne comprends pas. Le progrès plus logique pour les conservateurs?

Olivièr a écrit:

Je ne comprends pas. Le progrès plus logique pour les conservateurs?

On repart posément...

Toi > le progressisme étant une hérésie chrétienne.
Moi > Je ne pense pas qu'il faille envisager les choses sous cet angle chrétien

De là, je rebondis en disant que que les conservateurs s'éloignent doucement des valeurs chrétiennes.

Chasterton disait que le monde moderne était des idées chrétiennes devenues folles^^

Le conservatisme ne veut plus rien dire grand chose.

Si quand même, quand tu vois ce qu'il se passe à travers le monde, que ce soit dans la campagne américaine ou française, c'est de sortie.
Idem quand tu vois ce qu'il se passe après les printemps arabes, ce sont bien les conservateurs qui tirent leur épingle du jeu.

Des partis politiques qui se contentent de gérer, des foules qui ne veulent surtout pas changer et qui ont peur du changement, les religions qui sont l'incarnation de l'immobilisme et qui figent une morale dans le temps : c'est l'humanité entière qui est conservatrice. La science également, sauf à la marge, à bien y regarder de prés car elle ne fait rien d'autre, même au travers la recherche, qu'essayer de faire perdurer un état, ou l'améliorer mais en aucune façon de le changer. Notre société est une société de confort pas de progrès. On se nourrit mieux en Europe, on se soigne mieux mais les tentatives de changer les rapports sociaux, le modèle économique ont toutes échouées sur la nature humaine. Comment progresser alors même que comme toute espèce, l'homme ne songe qu'à se conserver, répugne à la nouveauté et sans doute n'est pas capable de changement, changement volontaire il va sans dire.