Athéna, fille de Zeus et de Métis, est la déesse de la sagesse, de la guerre, de la civilisation, de l'artisanat, de l'agriculture, mais son domaine peut, comme celui d'autres divinités, s'étendre, par exemple, elle peut se faire déesse des cavaliers, des mors de chevaux(attestation d'un culte d'Athéna "au mors" à Corinthe). Zeus ayant avalé sa mère, car il savait que si elle accouchait, son enfant serait plus puissant que le roi des dieux lui-même, d'après un roacle de Gaia, il fut pris d'un mal de tête, demanda à Héphaistos(ou Prométhée selon une version moins connue) de le soulager en lui frappant le crane. Athéna sortit alors de la tête de Zeus, toute armée. Homère, dans un hymne qui lui est attribué, raconte ainsi cet épisode(traduction de Leconte de Lisle)
"Devant Zeus, elle jaillit impétueusement de la tête immortelle, brandissant sa lance aiguë, et le grand Olympos fut ébranlé sous le bond de la Déesse aux yeux clairs, et, autour, la terre retentit horriblement, et la mer fut ébranlée, bouleversant ses eaux pourprées ; mais l'abîme salé s'apaisa aussitôt, et l'illustre fils de Hypériôn arrêta ses chevaux aux pieds rapides jusqu'à ce que la Vierge Pallas Athènaiè eût enlevé ses armes divines de ses épaules immortelles, et le très sage Zeus s'en réjouit."
La déesse, par son bond, ébranle l'Olympe, la mer, arrête même le soleil (le fils d'Hypérion), et quand elle pose ses armes, Zeus lui même s'en réjouit. C'est dire si le poète lui attribue là une grande puissance. Son immortalité est affirmée, sa qualité de déesse vierge aussi. Ses deux épithètes les plus fréquents(ou peu s'en faut) sont là aussi: "Pallas" et aux yeux clairs" .
Les épithètes de la déesse sont très nombreux, citons en quelques uns: Tritogéneia (née près du Triton),
Coryphasia (née sur une hauteur),
Pallas ou Parthénos (la vierge),
Glaukôpis (aux yeux brillants),
Hippia (protectrice des chevaux),
Promachos (le rempart de la cité),
Polias (gardienne de la ville),
Nikè (la victorieuse),
Ergané (la travailleuse),
Pronoia (la prévoyante),
Agoraia (déesse de l'agora),
On voit que ces épithètes illustrent ses attributions, essentiellement. L'épithète Parthénos à donné son nom au Parthénon.
Venons en aux attributs: il s'agit de l'égide, armure empruntée à Zeus, du casque, de la lance d'or, du bouclier orné de la tête de méduse(parfois il ne l'est pas et la tête est attachée à son vêtement), l'olivier(arbre dont la culture couvre une bonne partie des pays méditerranéens, symbole de longévité, de civilisation, il est opposé au cheval de Poséidon. Zeus considéra que l'olivier était plus utile et donna donc Athènes à Athéna, et non au dieu de la mer), la victoire ailée, c'est à dire Nikè(souvent tenue dans la main) elle même déesse, ou parfois assimiliée à Athéna et enfin la chouette, animal qui domine les ténèbres, symbolisant la connaissance rationnelle
Athéna fait naturellement partie des douze Olympiens. Elle apparait très souvent chez Homère, ce qui lui donne dès le départ une place importante. L'influence dAthènes, dont elles est la divinité Polliade(de polis, la cité) y est aussi pour quelque chose.
Lors du combat contre les géants, elle eut aussi un role déterminant, en tuant les titans Pallas et Encelade(elle ensevelit ce dernier sous l'Etna).
Athéna est par excellence la déesse protectrice des héros: Ulysse est son protégé le plus célèbre, mais c'est aussi elle qui aida Bellérophon à dompter Pégase, le cheval ailé, grâce à un mors magique. Elle protégea aussi Héraclès et Persée(qui lui offrit la tête de Méduse), ainsi qu'Achille, qu'elle aide à vaincre Hector en se faisant passer pour un de ses seconds. Hector, se croyant épaulé, n'hésite pas à combattre. Durant la lutte, la déesse détourne encore ses traits, et fait revenir ceux d'Achille dans sa main. Elle sauve aussi Oreste lors de son procès pour l'assassinat de sa mère. Elle l'emporte systématiquement, et je n'ai pas recensé d'épisode ou elle a le dessous. Souvent opposée à Poséidon(lutte pour Athènes, destin d'Ulysse), elle l'emporte sur lui à chaque fois. Dans la guerre de Troie, comme on en a déjà eu une illustration, elle est déterminante. C'est elle qui convainc Zeus de faire vaincre les achéens, pourtant au bord du gouffre après la contre offensive d'Hector contre les navires grecs. Elle n'est néanmoins pas toute puissante, et ne peut éviter à Ulysse ses péripéties, voulues par Poséidon. Prenant souvent l'apparence de Mentor pour guider Télémaque, fils du natif d'Ithaque, elle est en effet un véritable mentor des héros.
Athéna inventa la flûte, la trompette, la poterie, la charrue, le râteau, le joug pour les bœufs, le char et le navire. C'est elle la première qui enseigna les nombres et tous les arts pratiqués par les femmes. Cet aspect souvent ignoré est capital: non seulement cette divinité se montre amies de l'humanité, lui offrant à la fois des cadeaux utiles et des cadeaux artistiques, mais elle se manifeste comme personnalisation de l'intelligence féminine.
Elle est cependant déesse de la guerre, comme le dit ici Homère:"Je chanterai Pallas Athènaiè, puissante protectrice des villes, et qui s'occupe, avec Arès, des travaux guerriers, des villes saccagées, des clameurs et des mêlées. Elle protège les peuples qui vont au combat ou qui en reviennent." On pourrait trouver cela étrange, puisqu'Arès est déjà en charge de ce domaine, et que la guerre est l'opposé de la stabilité que manifestent les arts et l'agriculture. Tout est cependant bien logique: Athéna est patronne de la guerre, oui, mais de son aspect réfléchi, stratégique, alors qu'Arès représente la fureur guerrière. Même en ce domaine, elle se montre protectrice des humains, selon le vers du poète.
La mythologie grecque regorgeant de mariages et de concubinages, qu'en est-il d'Athéna ? Je n'ai trouvé qu'une aventure, avec Héphaistos. Celui ci lui faisant des avances, elle les repoussa, et la semence du dieu féconda la Terre, qui en conçut Erichthonios. Gaia repoussa cet enfant non désiré, et Athéna le recueillit, le cacha dans une corbeille sacrée et la confia aux trois filles de Crécrops, roi d'Athènes. Athéna, par son refus annoncé d'emblée du mariage, est une déesse vierge.
Chez les romains, Athéna fut associée à Minerve. Hérodote voit en la déesse Neith son équivalent(ce qui tient assez du tour de force, le sul point commun existant entre les deux déesses à ma connaissance étant le bouclier. Neith possède un arc et des flèches, qu'Athéna n'a pas, Neith n'a pas de lance, et sa principale fonction est de protéger les viscères du pharaon. Nous voilà loin d'Athéna)
On consultera avec profit l'hymne à Pallas de Callimaque, les deux hymnes homérique consacrés à Athéna, lIlliade et lOddyssée dHomère.
Voici pour finir une liste de représentations d'Athéna:
Athéna Parthénos. Cette statue est une reconstitution de celle qui se trouvait dans le Parthénon, exécutée par Phidias et qui mesurait 12 mètres de haut.
Athéna dite "pacifique". Cette oeuvre de la fin du IIème siècle avant Jésus-Christ, ou du IIème siècle après Jésus-Christ, est appelée "Pacifique" en raison de son égide portée en écharpe et du geste de sa main. On attribue l'original soit à Céphisodote, par comparaison avec l'expression tendre de son Eirénè portant Ploutos (dont la meilleure copie est conservée à Munich), soit à Euphranor, par rapprochement avec le traitement du drapé de son Apollon Pâtros (dont l'original est conservé au Musée de l'Agora à Athènes). Ces deux sculpteurs étaient actifs au IVème siècle avant Jésus-Christ, époque à laquelle appartiendrait l'original peut-être retrouvé dans l'Athéna en bronze découverte au Pirée en 1959.
On peut penser que la position de la main, qui semble etre un geste de bienvenue, illustre l'amitié d'Athéna envers les hommes. La déesse ne porte ni lance ni armure, ce qui semble montrer que c'est son aspect civilisateur et non guerrier qui est mis en valeur ici.
Athéna Farnèse
Athéna songeuse:Vétue d'un péplos(absence de l'habituelle égide), d'un casque grec, les pieds nus(symbole de simplicité ou détail anodin ? je ne tranche pas; originalité car les représentations habituelles la chaussent de sandales). et appuyée contre sa lance, la déesse médite devant une stèle. Cette oeuvre se trouve au musée de l'Acropole à Athènes et a été réalisée vers 470-460 avant J-C.