Voici un résumé du chapitre des "Dieux de la Grèce" de Walter Otto consacré à Athéna. Au travers des poèmes antiques, son essence, son "caractère" apparaissent dans une splendeur bien plus attrayante que ce que laissent transparaître les plats résumés mythologiques. La richesse, la profondeur, l'élévation, la beauté de cette figure sont incontestables, et le savant allemand renvoie à leurs préjugés et à leur grossièreté ceux qui n'ont voulu voir dans la déesse qu'une basique divinité des batailles issue d'une spiritualité de bas-étage.
Le culte d'Athéna est très ancien: on retrouve son nom, et peut être sa représentation, sous la forme d'une déesse en armes, dès l'époque mycénienne. Néanmoins, le manque de textes pour cette époque pousse Walter Otto à se concentrer sur l'Athéna homérique.
Ce qui transparait aussitôt des sources, c'est qu'Athéna est bien plus qu'une déesse des batailles: c'est l'ennemie jurée des esprits sauvages qui trouvent leur plaisir dans la fureur et la violence des combats L'archétype de cet esprit, le dieu Arès, est terrassé presque sans peine par Athéna lors du combat des dieux; Athéna le blesse encore par l'intermédiaire de Diomède sur le champ de bataille Bien que tous deux dieux de la guerre, ils sont radicalement opposés l'un à l'autre
Athéna est certes une déesse de la guerre: elle ranime le courage des guerriers qui faiblissent, elle assiste Achille et Diomède dans la bataille. Mais elle permet aussi à Bellérophon, grace à un mors, de dompter Pégase. Elle aide Jason à construire son navire, Epeios à batir le cheval de Troie. Elle inspire leurs ruses à Ulysse et Pénélope. Elle apparait ainsi avant tout comme la déesse de la force réalisatrice.
Lors de ces épisodes, elle agit par sa seule présence. Lors du massacre des prétendants, elle ne combat pas, mais aide Ulysse en étant à ses cotés. Elle est rempart et protection. De fait, de nombreuses villes, et pas seulement Athènes, l'avaient pour déesse tutélaire (Pollias).
Mais c'est surtout l'amie et la compagne des héros dans leurs entreprises. Sa présence les éclaire, les enflamme. Elle les conseille et les secourt.
Chez l'homme, c'est la raison, la maitrise de soi, le sang-droid et la dignité qui lui plaisent, et non la fougue aggressive et furieuse. Au début de l'Iliade, Achille, en colère contre Agamemnon, sur le point de dégaine, retrouve son calme lorsqu'il croise le regard lumineux d'Athéna. C'est la victoire de la raison sur l'impulsivité.
Au contraire, lorsque le héros Tydée, ami d'Athéna, ouvre le crâne d'un ennemi pour dévorer sa cervelle, dans un accès de folie, il est abandonné par la déesse, qui s'apprêtait à lui donner un breuvage de vie éternelle: elle ne supporte pas la sauvagerie, et montre ainsi un soucis aigu de la morale et de l'éthique. Elle est conseillère et secourable, mais uniquement pour ceux qui en sont dignes.
Elle est surnommée Polymètis, celle qui est très sensée, aux mille ruses. Cette perfection du sens et du conseil est un de ses traits caractéristiques.
Elle inspire aux hommes l'audace, le courage, la volonté de triompher. Elle donne l'illumination et la sobriété qui mènent à la victoire. Une action héroïque doit-elle être menée, Athéna est là. Elle est la toujours-proche, la splendeur de l'instant clair et puissant; c'est la déesse de la proximité.